D’après Auguste Longnon, qui a étudié les noms de lieux en France, le nom « Mareil », dont il existe plusieurs exemples dans l’ancienne Seine-et-Oise, vient du mot bas latin maroialum qui signifie « localité voisine d’un marécage ». Ce nom peut s’écrire « Mareil, Mareuil, Mareul… »
Le château de Mareil a été construit au Moyen-Âge au milieu des marécages qui assuraient sa protection et qui ont été drainés depuis. Les seigneurs du lieu s’appelant Guyon (diminutif de Guy), le château a reçu leur nom, comme le château de Montfort s’est appelé Montfort-l’Amaury pour signifier qu’il appartenait aux comtes Amaury.
Il est probable que les eaux de la Guyonne tirent aussi leur nom de celui du seigneur : ses eaux venaient emplir les douves du château-fort (elles ont été comblées sans doute au XVIIIe siècle). Les seigneurs de Mareil « mouvaient immédiatement du comté de Montfort » c’est-à -dire qu’ils devaient au comte foi et hommage, aide et assistance, notamment quand ils partaient à la guerre. On peut donc penser que les seigneurs de Mareil au XIIIe siècle ont suivi le célèbre Simon de Montfort (1150-1218) à la croisade des Albigeois.
En 1226, le comté de Montfort était la propriété d’Amaury VI, fils de Simon, et la terre et seigneurie de Mareil appartenaient à Simon de Mareuil. Celui-ci est connu par une donation de cinq sous de cens qu’il fit alors à l’abbaye voisine des Hautes-Bruyères. Les religieuses se souvenaient encore en 1788 de cette générosité (Archives nationales, Cartes et Plans. N III, Seine-et-Oise, 555. pièce 9). Pendant la guerre de Cent Ans, Mareil eut beaucoup d’importance, comme tous les châteaux qui pouvaient servir de refuge contre les armées anglaises, les pillards de tout poil et les ligues et les partis qui se déchiraient la France. Le 21 avril 1415, « Thybault de Mareul, escuier, demeurant audit lieu de Mareul, en la comté de Monfort-l’Amaury » adhéra au traité fait en février entre le malheureux Charles VI le Fou et le duc de Bourgogne, Jean Sans Peur, le traître qui négociait en sous main avec l’ennemi contre les Armagnacs. La charte par laquelle Thibaut de Mareil promettait son appui « pour le roi nostre Sire estre en son royaume » est toujours conservée aux Archives nationales (3 948. n’178).
Le sceau qui était appendu à cette charte représente les armoiries de la famille de Mareil : un écu « portant six besants accompagnés en chef d’une fasce vivrée », ce qui veut dire que six pièces d’or d’origine byzantine – les besants – y étaient placées sous une bande horizontale ondulée – la fasce vivrée – évoquant un cours d’eau (Douet d’Arcq, tome I).
La famille de Mareil s’étant éteinte, ou étant
« tombée en quenouille », le château, les terres et les droits seigneuriaux furent vendus plusieurs fois. Sans doute le château fut-il reconstruit au XVIe siècle comme beaucoup de châteaux français, probablement sous le règne de Henri IV après la fin des guerres de religion. Au moment où Louis XIV s’installait à Versailles (1683), château et terres appartenaient à Jacques Brebier, écuyer, seigneur de Mareil et de Maison-Rouge. Il les avait acquis par-devant notaire le 8 mars 1675 de Nicolas Menueau, seigneur du Pontel et de Villiers, lequel vivait à Paris dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés. Nous avons trouvé aux Archives nationales dans le Minutier central des notaires (Étude XLVI, liasse 120) quittances des sommes payées par Messire Nicolas Menueau en mars 1675 à ceux à qui il devait de l’argent… grâce à ce qu’il venait de retirer de la vente de son château de Mareil. Il paya ainsi à « Pierre Tranchard, maistre tailleur d’habits à Paris, rue de Grenelle près Saint-Eustache » l’énorme somme de 5 000 livres dues « pour fourniture et façons d’habits qu’il avait fait et fournis tant audit Sieur Dupontel qu’à defunts Messires ses frères ».
Au vu des dettes de la famille Menueau, nous ne pensons pas que le château ait été alors en bon état d’entretien ! Quel couvreur monterait sur le toit d’une demeure dont le propriétaire ne paye pas son tailleur ?
Texte écrit par Jean-Pierre Jouve, architecte en chef des Monuments historiques